Couture

Robe de bal rouge et beige (1850)

À la fin de l’année, le bal d’Hazebrouck sera sur le thème de Noël ! J’aime beaucoup évidemment, par contre j’aime moins les années qu’ils ont choisies : 1850-1870. C’est le grand règne de la crinoline et je n’aime ni les porter ni danser avec ! J’ai donné une robe rose à une amie, et il ne me reste « plus » qu’une robe jaune dorée pour cette époque, genre pas du tout Noël, et pas moyen de l’accessoiriser en conséquence, ça jure affreusement ! Comme ma maman m’a offert plusieurs mètres (parce qu’il en faut beaucoup) de taffetas rouge orangé, j’ai décidé de me coudre une nouvelle robe dedans. Oui, nous sommes en août, mais je préfère m’y prendre tôt pour la tester, et puis avec les années je deviens de plus en plus lente.

10 août 2022 :

Je me suis prise en retard pour la rédaction de l’article, aussi la robe est pratiquement finie alors que ça fait un mois que je bosse dessus. Voici mes principales inspirations, ajoutées à beaucoup de gravures de mon livre chouchou (Eyrolles):

Il y a la dernière robe de Mme Thénardier dans « Les Misérables » (1830), une robe trouvée au hasard du net (1850), et enfin le portrait de la première reine de Belgique (1844). Je souhaite quelque chose de sobre qui puisse couvrir également les années 1840 (adieu les grosses manches) et 1860 (la silhouette n’évolue pas beaucoup, c’est surtout la coiffure).

J’ai commencé par la pièce d’estomac, que finalement je n’aime pas. Au moment de choisir les tissus ils se mariaient bien, et une fois sur le bustier terminé, ça me piquait les yeux !

En même temps que je réalisais une seconde pièce d’estomac, cette fois rouge et noire, j’ai coupé et cousu les pièces du bustier :

La pièce d’estomac s’attache par des pressions, pas envie de me prendre la tête à la coudre ou épingler à chaque fois. Sur mon mannequin, comme d’habitude, pas moyen de fermer au niveau de la taille puisqu’il ne supporte pas le format « corset » ! J’ai monté des manches en deux étages et une jupe très froncée pour mettre le maximum de tissu (4 m), le tout à la main car ma machine n’aime pas les épaisseurs.

Là est arrivée la partie agréable, celle des décorations ! Les manches sont bordées d’un feston brodé à la machine : c’est super joli mais looooong ! En effet, il faut que je découpe les petits arcs de cercle à la main une fois brodés 🙂 Vive ma lampe-loupe ! Et oui, je commence à avoir la vue qui baisse à force de travailler de près, j’ai changé de verres jeudi dernier. Pour les manches toujours, j’ai froncé la partie du dessous avec un élastique, et la partie du dessus en trois zones verticalement :

Elles se tiennent bien et sont bien volumineuses comme ça. Et comme la seconde pièce d’estomac ne me plaisait pas, j’en ai refait une troisième ! J’ai vraiment eu du mal à trouver ce qui allait bien avec ce rouge très particulier, qui varie entre le orange clair et le bordeaux à la lumière. La réponse était dans mes livres de mode historique, le beige, tout simplement ! Là, je suis satisfaite.

J’ai pas encore fixé les pressions !

Le bustier est bordé d’un volant festonné de la même manière que les manches. L’idéal serait de faire un volant assorti dans le bas de la robe mais je ne suis pas sûre d’avoir le courage !

11 août :

Il m’arrive de plus en plus souvent de demander son avis à Mr Perfect pour certains détails de mes créations. Pour le bas de la robe, je lui ai montré ce qu’il était envisageable de faire et il a bien aimé une jupe en deux étages dans ce modèle à droite (1847), avec pleiiiin de volants festonnés 😀 Comme j’ai encore bien le temps devant moi, je m’y suis mise ! Après tout il avait raison, c’est un défi à ma hauteur, et c’est plus beau quand c’est difficile !

Comme je n’ai pas assez de tissu, je me suis un peu cassé la tête pour savoir comment j’allais faire. Alors, j’ai coupé ma jupe en deux (aïe, c’était dur), puis j’ai récupéré la jupe de cette robe rose (que j’aime beaucoup mais ne mets jamais), et je vais y coudre le bas de la robe coupée, augmenté de près d’un mètre pour qu’il y ait plus de volume. Donc là, je suis en train de festonner les bords des deux couches de la même manière que les manches… On se revoit dans trois mois ?

Et là… c’est la petite crinoline !

20 septembre :

Finalement, ma robe s’éloigne assez des modèles choisis avant de la commencer mais elle n’en est que plus personnelle. J’ai terminé la robe en août (je n’ai pas mis trois mois) et puis va comprendre, je l’ai laissée de côté alors qu’il ne me restait plus que la coiffe, qui est pourtant le plus rigolo ! Au départ c’était pour ne pas mettre de perruque, et il s’avère que c’est beaucoup plus joli avec coiffe ET perruque, parce que je n’ai pas encore les cheveux assez longs pour couvrir les oreilles.

Une fois n’est pas coutume j’ai utilisé un patron ! C’est la grande image à droite.

Contrairement aux photos j’ai choisi une perruque brune qui me donne un air de la reine Victoria et est mieux assorti à la couleur de la robe !

On se revoit mi-novembre pour des photos en action !

11 décembre 2022 :

Voici deux photos ! Je ne suis pas satisfaite de cette robe car elle n’était pas très agréable à porter, je l’ai cousue trop ajustée. De plus elle est trop classique et sérieuse pour moi, à l’avenir je pense que je vais m’amuser davantage et moins respecter l’historicité ! Et enfin la couleur ne se marie avec ma couleur naturelle ni avec ma perruque rousse, aussi je dois porter une perruque brune qui me donne un air sévère que je n’aime pas (parfait pour la reine Victoria en revanche^^). Je pense la revendre à quelqu’un à qui elle ira mieux ! Si vous êtes intéressé, faites-moi signe^^

Couture

Robe façon « Cranford » (1838)

(Et façon Melle Mars, bien sûr !)

Je viens de terminer les miniséries Cranford et Retour à Cranford et j’ai vraiment adoré ! C’était touchant, drôle, très juste historiquement et avec une belle galerie de personnages. Cela faisait longtemps que je n’avais pas aimé une série à ce point !

Et forcément, quand j’adore une série, j’ai envie de faire des costumes qui en sont inspirés… Jusqu’à présent les années 1830 ne m’avaient pas plus intéressée que ça, certainement parce que j’ai gardé en tête cette image d’une robe de bal typique, pourvue de manches gigantesques et surmontée d’un coiffure « à la girafe » que je trouve particulièrement moches, mais aussi parce que ce n’est pas une période facile à reproduire, ni très représentée dans les films (à part Cranford, je ne trouve que Les Misérables [seconde partie] comme exemple !)

Un exemple de ce que je n’aime pas !

Mais évidemment, les dames de Cranford portent des vêtements de tous les jours, donc plus softs, et qui parfois datent de leur jeunesse et/ou ne suivent pas forcément la mode. Elles ne sont pas aristocrates et, profondément religieuses, ne sont donc pas versées dans l’excentricité : les tonalités sont relativement liées à la terre, la nature et à l’automne (bruns, verts, bordeaux, cuivrés…) comme on peut le voir ci-dessous. J’ai beaucoup aimé leurs costumes et les accessoires qu’elles portaient tels que bonnets, capotes, fichus, mitaines et turban !

Mrs Forrester, au milieu, est ma chouchoute

Cette fois, j’ai dessiné mon croquis en suivant les personnages de Cranford mais aussi en combinant mes éléments favoris.

Mon croquis de base
Cela dit, après coup, je me suis rendu compte que ça ressemblait pas mal à ça !

Mais comme je suis juste au niveau des tissus, il n’y aura pas les volants des manches ni celui du bas de la jupe.

12 mars 2020 :

Pour le patron, j’ai adapté le bustier de la Laitière de Vermeer et l’ai essayé directement avec le corset pour être sûr que ça s’ajuste bien. J’ai coupé la doublure en coton blanc au fur et à mesure, et une fois que c’était bon, j’en ai reporté les pièces sur ce superbe coton écossais !

L’écossais était très à la mode dans les années 1840. Le mien est plus voyant que celui de ces dames, mais c’était l’occasion de ne pas acheter de tissus ! En effet j’ai décousu et repassé les rideaux de ma chambre à Ixelles ! Entre cette robe et le précédent spencer, je suis dans ma période rideaux on dirait ?

13 mars 2020 :

La jupe est formée de trois panneaux qui seront plissés. J’ai vraiment joué au Tetris pour utiliser au maximum le tissu. Les manches ont été coupées en dernier !

Les pièces en écossais sont cousues avec un passepoil violet pris dans la couture. C’est le genre de détail que j’ai apprécié dans la série, et qu’on ne voit pas sur les gravures !

16 mars 2020 :

Les manches ont représenté un joli défi car je n’en avais jamais réalisé de pareilles. Elles sont constituées d’une partie très large et d’un poignet bien ajusté, garni de passepoil également. Ensuite, j’ai posé un galon à pompon sur le dessus du bras pour les resserrer, le même que sur le bustier.

Pour le volume, j’avais d’abord essayé avec les boudins de ouate de ma robe « Mary Shelley » (qu’on aperçoit dans le fond), mais ils sont trop gros. Pour l’instant, j’ai trouvé un système qui fonctionne : quand je tire sur le poignet serré, il se coince au niveau de mon avant-bras et alors le gonflant est gardé quand je bouge ! Je verrai à l’usage si je couds tout de même des boudins.

Une autre partie compliquée est la ceinture que je réalise au fur et à mesure pour ne pas me tromper ! La boucle est intégrée pour que ce soit plus pratique : je l’ai trouvée dans mon magasin préféré, il y avait encore le prix dessus : 295 francs !

Cette ceinture se termine par une pointe en « fleur de lys ».

18 mars 2020 :

La ceinture m’a donné du fil à retordre mais j’y suis parvenue ! Par contre, elle aura trois œillets au lieu d’un, vu que je me suis trompée comme une gourde ! Je les ai brodés moi-même sur une rondelle d’œillet à poser au marteau.

Pour que ça ferme bien j’ai mis quatre petites agrafes cachées à l’intérieur.

20 mars 2020 :

Une fois la doublure cousue, il ne me restait que les poignets et le col à faire ! Pour cela j’ai simplement posé des pièces directement sur la robe et les ai disposées puis coupées de manière à ce qu’elle suivent l’encolure ou les poignets. Ensuite, je les ai cousues, ourlées et repassées, puis cousues à gros points sur la robe, pour pouvoir les changer ou les laver éventuellement un jour.

Je me suis dépêchée de tout terminer aujourd’hui pour pouvoir prendre des photos demain, parce que je sais qu’il fera beau !

Mon chapeau m’a été offert par une fan de Jane Austen (je te remercie si jamais tu me lis !) et le châle tricoté tout spécialement pour moi par mon amie Lilla My (Bisous !) Quant aux mitaines, je les ai cousues rapidement le soir devant la télé pour qu’elles soient assorties au chapeau.

21 mars :

Aujourd’hui, premier jour du printemps, je vous propose ces photos au milieu des arbres fleuris du parc royal de Laeken, sous un superbe soleil ! (Un peu trop parfois d’ailleurs, difficile de regarder mon amoureux de photographe !)

Au départ je me suis dit qu’il y avait beaucoup trop de photos et que je ne devais en choisir que deux ou trois, mais il y en avait tellement de jolies que je me suis dit : « Hey, c’est pas grave ! Et puis c’est ton site, alors tu fais ce que tu veux ! »