Couture

Artisanat gaulois – Saison 1

Grande maison gauloise (2e Âge du Fer). Photo de l’archéosite.

Tout est parti d’une sortie du CDCD (ou Cercle des Costumes Disparates) lors de laquelle nous sommes allés visiter l’archéosite d’Aubechies-Beloeil, en costumes, puisque c’est la spécificité de notre groupe d’amis (un évènement costumé par mois). Comme je l’ai déjà raconté au jour le jour (ou presque) dans l’article consacré aux premiers costumes que j’ai réalisés, j’ai été acceptée parmi leur groupe d’artisans !

J’apprendrai tout ce qui touche au costume depuis la création du fil et de l’outillage jusqu’au vêtement fini, puis le montrerai en action.

J’ai eu envie de tenir ici un petit journal pour rendre compte de cette expérience. Ce ne sera pas forcément un compte-rendu hebdomadaire, mais j’essaierai de me tenir à une certaine régularité !

22 avril 2021 :

Pour l’instant, je possède deux costumes « gaulois » mais pas tout à fait : les coutures intérieures sont réalisées à la machine, les tissus ne sont pas fait main, et les accessoires non plus. Petit à petit, je compte avoir deux costumes pour moi (plus tard pour Hervé éventuellement) qui soient, le plus possible, historiquement irréprochables : un d’hiver et un d’été. Ils seront réalisés dans les couleurs, matières et techniques de couture les plus historiques possibles. Les coutures à la main ne me font pas peur, et à cette époque-là, les points sont assez simples à réaliser !

Comme matériel, pour l’instant, j’ai un fuseau, une bobine de laine blanche filée main, et une aiguille en os. Je ne vais pas aller bien loin avec ça 😀 ! D’autant que l’aiguille est super large, je ne suis pas sûre de pouvoir coudre avec : je crois qu’elle est plutôt faite pour le cuir, une fois qu’on a percé les trous, ou pour les ouvrages tissés en laine épaisse.

J’ai acheté un petit métier à tisser pour apprendre chez moi, comprendre le mécanisme et progresser sans devoir recourir aux métiers très lourds qui sont sur le site. À l’avenir, je rêve de me fabriquer une saie à carreaux là-bas ! J’ai également acheté 300g de lin non blanchi, qu’il faut que j’apprenne à filer ; apparemment ça ne se pratique pas de la même manière que la laine, il faut se mouiller les mains !

29 avril 2021 :

J’ai reçu le métier à tisser le week-end dernier mais je n’ai pu l’utiliser qu’hier. J’ai commencé par un tout petit projet histoire de comprendre le principe de base et de ne pas me dégoûter. C’est avec des carreaux ! Je l’ai transformé en pochette pour que ça me serve 🙂

4 mai :

J’ai tissé et cousu deux autres pochettes entre temps : la première avec des couleurs plus appropriées et la seconde avec des fils créés sur mon fuseau « d’époque ». Je me suis rendue compte avec celle-là que mon peigne était trop large pour travailler des fils aussi fins, alors j’en ai commandé un autre plus dense !

Amélie, la fille du potier, a pris cette très jolie photo de moi dimanche dernier !

En pleine concentration

Les deux dimanches derniers, j’ai appris beaucoup de choses, dont une technique de tissage du néolithique avec des brins de lin et des cailloux comme poids, et une autre plus tardive pour tisser des bandes, avec comme seul matériel un poteau et ma ceinture !

J’ai aussi modelé des fusaïoles ; malheureusement, sur toute la cuisson des potiers, seule une petite partie a été préservée… dont deux fusaïoles modelées par le potier (les miennes ont éclaté).

Du coup, je viens de terminer mon premier fuseau : il fonctionne bien et je peux faire un fil assez fin. Bon par contre le bâton est un peu tordu alors ça ne tourne pas parfaitement : je vais le remplacer dès que j’en trouve un mieux ! Et ce n’est pas si simple que ça, de trouver un bâton bien droit^^

Mon premier fuseau

Je commence donc tout doucement à constituer mon matériel « d’époque », dont la plus grande partie offerte par les autres généreux artisans. Je possède :

  • deux fuseaux
  • un « dé à coudre » en cuir
  • deux aiguilles en os
  • un gobelet !

Pour la laine, j’ai tout ce que je veux (merci Bernadette ! 🙂 ) et pour les tissus, j’essaie de trouver le plus adéquat : je viens de couper les pièces de ma future robe d’été dans un lin que j’ai teint en bleu-vert foncé. Je compte la coudre à la main là-bas. Le temps que ça prendra ne me fait pas peur, par contre, il va falloir que j’apprenne à travailler sans épingles ! Heureusement que le patron est plutôt simple.

17 mai :

Voici mon matériel qui s’agrandit : j’ai ajouté un couteau et un peigne dans des étuis que j’ai cousus (celui du couteau est trop fin, je vais le changer), ainsi qu’une aiguille en métal offerte par un des artisans !

J’ai appris une technique de tissage datant de l’antiquité : le sprang. C’est super simple, il suffit en gros de bâtons, et de croiser les fils avec les doigts. (Après, plus on est doué, plus on tisse d’ouvrages compliqués ; mon premier essai était très moche 😀 ). Cela donne un tissu très élastique avec des trous, un peu du type « filet à provision ». Ils s’en servaient notamment pour faire des résilles à cheveux, mais cette technique a été utilisée jusque tard et notamment par chez nous ! On peut en voir un très joli exemple ici :

Mitaine exécutée par une bourgeoise de Bruges entre 1797 et 1835. Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles (tiré du blog « la libellule s’évade)

19 mai :

Voici mon premier essai de métier chez moi :

Tout d’abord je l’avais placé à l’horizontale entre deux chaises, mais ce n’était vraiment pas pratique ! La position n’était pas idéale et surtout les aiguilles en métal glissaient, et j’ai dû tout recommencer plusieurs fois. Du coup je l’ai suspendu à un montant de mon étagère avec mon appareil photo comme poids ! Ben oui, chez moi, je n’ai pas de pesons^^ (NAMM : en fabriquer lors d’une prochain atelier ! )

Une fois suspendu, et avec des petites baguettes en bois (des piques à brochettes) à la place des aiguilles, c’est devenu plus simple : n’empêche que je me suis tout de même encore trompée ! Mais j’ai réussi à rattraper l’ouvrage sans qu’il ne se défasse : oui ce qui est chiant avec le sprang, c’est que si les baguettes se défont avant d’avoir consolidé et fixé le centre, tout se casse la figure !

Pour le milieu, j’ai pris un crochet et rabattu les boucles pour garder l’élasticité, selon une technique trouvé sur le blog Faire fil de tous poils (merci au cas où vous passeriez par ici^^). Pour fermer, j’ai cousu les lisières entre elles, et pour le haut, il a simplement suffi de passer une cordelette dans les boucles créées par les barres du métier.

Je voulais faire un filet à mes cheveux comme à la Renaissance, mais il est trop long et trop mince, alors j’ai mis mes pelotes réalisées au fuseau dedans ! Bon, le fil est synthétique, alors il faudra que j’en fasse un autre pour Aubechies avec des laines plus historiques : je vais essayer de mettre plusieurs couleurs dans celui-là !

24 mai :

Au quatrième essai, j’ai enfin réussi à obtenir ce que je voulais !

Voilà un filet assez grand pour ma tête et avec une couture plus régulière :

14 juin :

Hier, j’ai pu m’attaquer à un métier à tisser ! Il était monté depuis plusieurs mois, voire années, et les fils étaient abîmés et couverts d’une de ces couches de poussière… Les marrons foncés surtout avaient besoin d’être remplacés (peut-être qu’ils étaient plus naturels et moins résistants ? ). J’ai appris à les remplacer et également à tisser. J’ai avancé l’ouvrage d’un vingtaine de centimètres ! La prochaine étape sera de remonter l’ouvrage pour continuer à travailler et apprendre (on ne pourra pas faire grand-chose de correct avec cet ouvrage-là, un sac peut-être :D). Par la suite, je veux apprendre à ourdir un métier pour un travail perso : mais pour ça il faut que j’ai 5 km de fil ! Et ce n’est pas encore le cas^^

Depuis la dernière fois, j’ai également appris à peigner la laine avec deux peignes, et à créer une mèche plus facile à filer. Je vais avoir mes propres peignes ! J’adore cette technique et je compte l’utiliser désormais.

J’ai cousu une robe en lin pour cet été : le costume en laine commençait à être trop chaud ! C’est roulé sous les aiss… non, c’est entièrement réalisé à la main avec les techniques et le matos d’époque ! Y a juste le tissu que je n’ai pas fabriqué, mais qui sait, ça viendra !

Mon « matériel » (pour travailler mais aussi pour me costumer) devient plus conséquent et je le transporte désormais dans un panier en osier. Ce sont ajoutés deux aiguilles en os, une épingle à cheveux et un bracelet (tous des cadeaux, je suis gâtée !), un filet en sprang, un gobelet en argile, et surtout un étui pour mon couteau ! C’est le potier qui me les as fabriqués et offerts ! Encore des cadeaux, c’est trop biiiien 😀

En dessous on peut voir un essai que j’ai fabriqué dans un cuir assez épais cette fois, sauf que quand j’ai mis le couteau dedans, j’ai coupé tous les fils T-T. Bref j’ai pas encore acquis toutes les techniques, parce que celui de Jean est parfait 🙂

Et On

On peut voir sur le fuseau de gauche la mèche que j’ai préparée : mon travail est beaucoup plus régulier grâce à cette nouvelle technique !

A la maison, j’ai essayé de fabriquer un métier à tisser simple, en prenant pour base celui que j’avais bidouillé pour le sprang. Hier j’ai emprunté deux pesons du site, qui par hasard s’emboîtent bien dans mon aiguille à tricoter (au début j’avais mis mon appareil photo et un pot de perles pour les poids 😀 ). J’ai fabriqué aussi une barre de lice qui me permet déjà de glisser un fil sur deux facilement. Pour l’autre, je le passe avec une très longue aiguille de tapissier.

Mon projet en cours est une écharpe avec des pelotes solitaires ! Ainsi que quelques brins de mes premiers fils.

26 juin :

J’ai terminé l’écharpe ! Ce fut long, déjà à cause de la barre de lice manquante, et ensuite car j’avais d’autres choses à faire. Parfois, je passais dans l’atelier et glissais un fil ou trois entre deux autres projets. J’aime bien cette écharpe mais je n’utiliserai plus cette technique de nouveau. Elle m’a permis de comprendre un peu mieux comment marchent les métiers de l’archéosite, mais c’est très long ! Je pense tisser, avec le métier pro cette fois, deux mitaines assorties. Wait and see… or not.

2 août :

Avec les vacances, j’ai eu moins le temps de me rendre à l’archéosite, mais j’apprends toujours autant ! J’ai reçu mes peignes, et le filandier qui me les a fabriqués m’a également offert de la laine verte teinte avec des plantes, comme à l’époque. Voilà à quoi le fil ressemble :

Il est réalisé avec un mini-fuseau porte-clefs que j’ai acheté lors de ma première réunion de filandières : c’est très long puisque je tourne le fil à la main, mais j’en a fait presque 13 m, et c’est ce que j’ai fait de mieux pour l’instant !

Je parviens également à faire un fil très fin, beaucoup plus qu’au rouet (je n’ai pas pris de photo, ici, c’est un fil en taille 2-3) : du coup, je compte m’inscrire de nouveau l’an prochain au concours du fil le plus fin. Cette année, je suis arrivée treizième sur dix-sept, et j’étais assez fière puisque c’était mon premier essai : j’ai commencé en octobre dernier avec un fil taille 14 plein de bouloches et d’irrégularités, on part de loin !

J’adore mon porte-clef, je l’emporte en voiture ou bien je file devant la télé, j’ai fait bien 60m de fil en une semaine. Ce n’est pas très rapide comparé au fuseau, et encore moins au rouet, mais c’est très agréable d’avancer dans mon filage sur plusieurs supports.

Pour revenir à l’archéosite, je vous présente une pièce supplémentaire de mon outillage : une boîte à aiguilles en os sculpté et ses quatre aiguilles, le tout réalisé spécialement pour moi par le forgeron !

14 août :

J’ai amené mon mini-fuseau (ainsi qu’un fuseau de dentelle) en vacances, pendant lesquelles j’ai filé toute la laine que j’ai pu amener (c’est-à dire pas grand chose). Je l’ai mesurée en rentrant, et en une semaine, j’ai filé 27 m de vert et 27 m de violet !

30 août :

Photo de Marie-Christine

Voici une très jolie photo de moi prise par une des potières de l’archéosite. Je porte une coiffe que j’ai inventée : à l’usage, je me rends compte que c’est ce qu’il y a de plus pratique pour travailler sans que les cheveux ne me tombent sur la figure (bon, la frange, ça, c’est une lubie non archéo-compatible de samedi dernier 😀 ). J’ai également une nouvelle tunique et deux nouveaux colliers, un que j’ai créé d’après un modèle du musée, et un autre offert par Marie-Christine (la photographe) pour mon anniversaire.

6 octobre :

Dimanche dernier aura été ma dernière fois de l’année à l’archéosite. Je n’y suis pas allée toutes les semaines mais assez régulièrement pour apprendre beaucoup ! Le filandier auprès de qui j’étais « en formation » m’a appris à remonter un autre métier à tisser et j’ai commencer à travailler dessus. Les autres artisans ont promis de me le laisser pour l’année prochaine, ce que je trouve touchant, parce que j’ai l’impression d’avoir pris une place plus importante là-bas ! Mais on verra s’ils tiennent leur promesse, sachant qu’il y a toujours des démos auprès de classes durant la semaine 🙂

Voici deux bobines et quelques fusaïoles que j’ai modelées et qui ont été cuites dernièrement :

Il y avait deux fuseaux de plus, que j’ai offerts. Le potier les a forés parce que j’avais fait des trous trop petits… Je le saurai pour la prochaine fois !

Il m’a également offert une lampe à huile, pour laquelle j’ai filé une mèche en lin.

Je l’adore ! Elle éclaire plus longtemps qu’une bougie, le seul inconvénient c’est qu’elle fume davantage quand on l’éteint.

Voilà, c’était la fin de mes aventures gauloises pour cette année ! De retour l’an prochain pour une nouvelle saison je l’espère !

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